Coming out
La nuit est rose et je ne dors pas. J’ai oublié la sensation d’être moi.
Et si je n’étais plus celle que je suis ?
Je porte mon urgence en germe depuis toujours. Je l’ai délaissée parce que je me suis adaptée, je me suis sur-adaptée à des croyances qui ne sont pas les miennes pour faire plaisir, être aimée, rassurer les autres et moi aussi. J’ai nié qui je suis. J’ai fait comme si.
Aujourd’hui ce n’est plus possible.
Et si je n’étais plus celle que je suis ?
POÈTE / CE N’EST PAS UN MÉTIER !
POET / IS NOT A JOB !
DICHTER / IST KEIN BERUF !
Et si je n’étais plus celle que je suis ? Et si à force de m’adapter je n’étais plus celle que je suis née ?
WHAT IS MY URGENCY NOW ?
Mon urgence est double. Elle est personnelle. Elle est politique.
Personnelle / je ne veux plus subir ce qui me grignote et me rend malade, ce qui me donne la nausée et envie de vomir jusqu’à la paralysie morale, jusqu’à la paralysie physique.
Politique / je n’ai plus de tolérance pour l’inaction climatique, le déni des droits de l’homme, la toute-puissance monétaire, qui écrase ce que nous sommes chacun d’entre nous. Arracher le mépris de la toute-puissance imposée à notre essence.
MON URGENCE C’EST DE RETROUVER CELLE QUE JE SUIS NÉE : ETRE UNE POÈTESSE, MEME UNE PIÈTRE POETESSE.
MY URGENCY NOW IS TO BE A POETRESS EVEN A BAD ONE !
Comme un ver de terre perdu au milieu d’un champ de pesticides / an earthworm in the middle of a pesticide field.
Ne pas lâcher le mot, continuer à le travailler jour après jour, pour sortir du compromis. Redevenir qui je suis. Ecrire, respirer, lâcher celle que je ne suis pas. Lâcher ce qui me grignote et me rend malade.
WHERE DO I FEEL IT ?
Là, dans mon ventre, mon urgence c’est de rattraper mes rêves et de les écrire, de redevenir celle que j’ai oublié que j’étais. Dans mon ventre d’abord. Ça fait mal et ça me gêne pour respirer. Quand ça monte, ça me donne envie de pleurer et de crier, de hurler. Mais je réprime bien sûr. Je m’adapte, je compose comme toujours, je me sur-adapte.
Non ! Faut que ça bouge ! Faut que ça bouge ! Faut que je bouge ! Faut que je bouge !